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« Je montre ma vie, ce que je fais, les derniers vêtements que j’ai eus. » Elle n’est pas un cas isolé, les adolescents envahissent le réseau. D’après le baromètre 2012 « Enfants et Internet », 80 % des 13-15 ans et 92 % des 15-17 ans y sont inscrits et, comme Lola, 86 % de ces derniers y publient des photos. On les y voit entre copains, en vacances, en soirée. Regard droit dans l’objectif, tête de côté, poses provocantes… Ils sont totalement narcissiques, nos adolescents numériques ?* « Oui, mais c’était déjà le cas avant », estime la philosophe Anne Dalsuet. « Les réseaux sociaux donnent juste une nouvelle résonance à cette tendance. Avant, on faisait des albums photos, maintenant, on les met sur Facebook, car tout le monde a intégré le principe selon lequel ‘‘ pour exister, il faut être vu. ’’ Les jeunes aussi ».
Ils y sont même particulièrement sensibles. « C’est un âge où l’on aime être admiré, rassuré* sur son corps et sur son apparence », estime Jacques Henno, spécialiste du numérique. « Pour eux, les ‘‘ Like ’’ prouvent leur valeur », affirme le psychiatre Xavier Pommereau. Car être « liké », c’est être populaire, une notion clé pour les adolescents, un élément indispensable à la construction de leur identité.
Mais se raconter sur Internet peut être risqué car les plus jeunes postent parfois la photo ou le message de trop. « Quand ils sont derrière leur écran, ils ne mesurent pas toujours le poids des mots », dit Jacques Henno. « Mais s’ils ont écrit n’importe quoi, la ‘‘ vraie vie ’’ les rattrape le lendemain sous la forme d’une dispute à la sortie de l’école. Ils comprennent vite la leçon. »
Le temps porte aussi ses fruits. À la longue, les jeunes se lasseraient* de ce « tout à l’ego ». « Des adolescents commencent à quitter Facebook », remarque Pascal Lardellier, professeur en sciences de la communication. « Ils sont saturés d’auto-narration continue. » Julie, 15 ans, trois ans de réseau social derrière elle et 355 amis, se connecte pour écrire à ses copains qui vivent loin et retrouver des camarades de maternelle ou de primaire. « Au début, je faisais surtout attention à mon image », dit-elle, « je mettais plus de jolies photos de moi. Aujourd’hui, je trouve que ce n’est pas si intéressant de faire ça. » La jeune fille est sur Twitter depuis un an. « On s’y prend moins au sérieux. » Des adolescents utilisent aussi Instagram, un réseau social d’images, qu’ils jugent plus créatif. Comme sur Facebook, on y met des photos, mais l’idée est de donner à voir le monde. Pas seulement son nombril.
D’après Le Nouvel Observateur (17 octobre 2013)