Champions de père en fils . PAU 2009

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Au Cameroun, on l’appelait «Noah bikié», «Noah de fer». Employé dans une plantation de cacaoyers au début du siècle dernier, le grand-père de Yannick impressionnait par sa force et sa résistance. Des qualités qu’il a d’abord transmises à son fils Zacharie, footballeur dans les années 60, puis à Yannick avant de les léguer à son arrière-petit-fils, Joakim, vainqueur du championnat américain de basket universitaire.

La saga étonne. Entre «Noah bikié» et Joakim, un siècle plus tard, quelle alchimie a pu donner naissance à trois champions dans trois sports différents? La question peut être étendue à bien d’autres familles. Sébastien Fleuriel, sociologue du sport, a compté le nombre d’athlètes français aux JO d’Athènes de 2004 dont l’un des parents était lui-même sportif de haut niveau: plus du tiers! Une proportion suffisante pour aborder la question de l’hérédité.

Claude Bouchard travaille depuis trente ans sur le sujet. Il a prouvé que, pour être sportif de haut niveau, mieux vaut avoir un ascendant doté de capacités cardio-respiratoires exceptionnelles. Selon lui, la capacité du corps à consommer de l’oxygène est en effet héréditaire pour 30 à 40 %. Une qualité essentielle: plus un athlète peut brûler de l’oxygène, carburant du muscle, plus il est résistant. D’où sa conclusion : «Pour triompher, il faut être doué génétiquement».

La réussite d’Édouard Roger-Vasselin, qui a passé deux tours à Roland-Garros, s’explique donc en partie par l’héritage génétique de son père: Christophe Roger-Vasselin, as du tennis dans les années 80, était physiquement surdoué, et ce gène de la résistance est passé à son fils. Mais a-t-il reçu celui du talent? La science n’en sait rien.

La génétique n’explique pas tout. Elle n’explique pas pourquoi Enzo Zidane, 12 ans, brille déjà avec l’équipe benjamine du Real Madrid. Car un enfant ne suit pas les traces de ses géniteurs parce qu’il est doué génétiquement. «Pour se construire, l’enfant doit comprendre ce que ses parents attendent de lui, explique Christine Le Scanff, psychologue du sport. Inconsciemment, un sportif de haut niveau veut que son enfant suive sa voie. S’il comprend ça, l’enfant fait tout pour le satisfaire.»

Un autre élément explique la réussite sportive d’une dynastie: la reproduction sociale. «Grâce à l’expérience de leurs parents, les enfants savent quels chemins suivre pour réussir», ajoute le sociologue Sébastien Fleuriel.

Monstres de travail et modèles de détermination, les champions transmettent à leurs enfants les qualités qui font la différence au plus haut niveau. «J’ai toujours dit à Yannick: tu as des qualités, mais ça ne suffit pas. Il faut travailler et travailler, dit Zacharie Noah. Yannick m’a vu bosser* pour réussir, et il a fait pareil!» L’ex-numéro un du tennis français a remercié son père un fameux jour de printemps 1983 en se jetant dans ses bras sur le court de tennis de Roland-Garros dès la finale gagnée. Pensait-il aussi, en cet instant, à celui qui lui avait transmis son énergie, «Noah bikié»?

D’après Le Point (13 septembre 2007)

* bosser : (familier) travailler

RESPUESTAS

COMPRÉHENSION ÉCRITE

Dans les questions ci-dessous, choisissez la réponse qui convient (UNE seule réponse est correcte).

1. Dans quels sports les Noah ont-ils brillé ?

• Le football, le tennis et le basket.
• Le football et le basket.
• Le football, le cyclisme et le basket.
• Le football, la natation et le basket.

2. Quel pourcentage de sportifs français participant aux Jeux olympiques d’Athènes étaient fils de sportifs d’élite ?

• Environ 50 %.
• Environ 70 %.
• Environ 35 %.
• 100 %.

3. D’après Claude Bouchard, quelle est la caractéristique héréditaire des champions ?

• La mentalité de vainqueur.
• L’esprit de sacrifice.
• Les réflexes et la capacité de réaction.
• La capacité de supporter l’effort et la fatigue.

4. Est-ce que le talent est un facteur de réussite héréditaire ?

• Oui, tout à fait.
• Les recherches scientifiques ne permettent pas de se prononcer.
• Non, pas du tout.
• Oui, mais un peu moins que d’autres qualités.

5. Est-ce que l’héritage génétique est déterminant pour devenir un champion sportif ?

• Non, c’est un facteur qui conditionne mais qui n’est pas déterminant.
• Oui, il est difficile de devenir champion si on n’a pas un géniteur très doué physiquement.
• Oui, les autres facteurs n’ont aucune incidence.
• Le texte ne permet pas de le dire.

6. D’après le texte, pourquoi certains enfants de champions veulent-ils se consacrer au sport ?

• Parce que la composante génétique est trop forte pour y résister.
• Parce qu’ils veulent être admirés comme leurs parents.
• Parce que, en général, ils ont des difficultés à l’école.
• Parce qu’ils veulent faire plaisir à leurs parents.

7. Quel est l’autre facteur qui est mentionné dans le texte et qui rend plus facile la réussite des sportifs fils de champions ?

• Le fait qu’ils n’étudient pas.
• Les connaissances qu’ont leurs parents dans le domaine du sport.
• Le fait que tous leurs amis sont des sportifs.
• Le fait que le sport est leur hobby préféré.

8. D’après le père de Yannick Noah, est-ce que les qualités naturelles sont une garantie pour devenir un sportif de haut niveau ?

• Oui, il suffit d’avoir des dons naturels.
• Non, il faut beaucoup s’entraîner.
• Non, il faut surtout être très intelligent.
• Non, il faut aussi avoir de la chance.

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